DESCRIZIONE DELLE FELICISSIME NOZZE Della Cristianissima Maestà di Madama MARIA MEDICI Regina di Francia e di Navarra. DI MICHELAGNOLO BUONARROTI
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Description des très heureuses noces De la très chrétienne Majesté Marie de Médicis Reine de France et de Navarre Par Michel-Ange Buonarroti
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Il perche appresso le nozze in tutti quei giorni, che precederono alla partenza del Legato, e della Regina, vari trattenimenti si tennero, e dalla corte non solamente. Ma mentre che i più magnifici spettacoli si andavano apprestando ; per maggiore contentezza, e più universale mostrarsi, eziamdio de i nobili, e suntuosi da’ particulari, e magnanimi gentilhuomini ne furono ordinati. La onde avendo il Signor Iacopo Corsi fatta mettere in musica con grande studio la Euridice affettuosa*, e gentilissima favola* del Signor Ottavio Rinuccini, e per li personaggi richissimi, e belli vestimenti apprestati ; offertala a loro Altezze ; fu ricevuta, e preparatale nobile scena nel Palazzo de Pitti : e la sera seguente a quella delle reali nozze rappresentata : e fu tale il concetto di essa. Mentre che Orfeo, e Euridice sposi, e amanti godono vita tranquilla ; muore ella, ferita da serpe tra l’erba ascosa. Piangela Orfeo, e per consiglio di Venere dalla bocca dello’nferno (da lei condottovi) la richiama lamentevolmente cantando. Onde mossosi alla suavità del canto, e per lo consiglio di Proserpina Plutone a pietà, gliele rende più che mai bella. Il perche essi amando di nuovo gioiscono.
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(feuille 9 v) …Après les noces, tous les jours qui précédèrent le départ du Légat et de la Reine se tinrent des divertissements, à la cour et ailleurs. Cependant que les plus magnifiques spectacles se préparaient pour la plus grande et universelle satisfaction, d’autres encore, nobles et somptueux, furent ordonnés à titre privé par de magnanimes gentilhommes. Ainsi, Monsieur Jacopo Corsi ayant très savamment fait mettre en musique L’Eurydice, très noble et pathétique* fable* de Monsieur Ottavio Rinuccini, ayant fait apprêter les personnages de très riches et beaux vêtements et l’ayant offerte à Leurs Altesses, fut-elle acceptée, et l’on prépara pour elle une noble scène dans le Palais Pitti ; et elle fut représentée dans la soirée suivant celle des noces royales. Et voici quel en était l’argument : Alors qu’Orphée et Eurydice, époux et amants, jouissent d’une vie tranquille, elle meurt mordue par un serpent caché dans les herbes. Orphée la pleure et, sur les conseils de Vénus qui le conduit à la bouche des Enfers, il la rappelle en chantant un lamento*. Ému à la pitié par la suavité de ce chant et par le discours de Proserpine, Pluton la lui rend plus belle que jamais. Et eux, toujours remplis d’amour, se réjouissent à nouveau.
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Il magnifico apparato in degna sala dopo le cortine fra l’aspetto di un grand’arco, e di due nicchie da fianchi suoi, entro le quali la Poesia, e la Pittura con bell’avviso dello inventore vi erano per istatue ; mostrava selve vaghissime, e rilevate, e dipinte, accomodatevi con bel disegno : e per li lumi ben dispostivi piene di una luce come di giorno. Ma dovendosi poscia veder lo ‘nferno, quelle mutatesi, orridi massi si scorsero, e spaventevoli, che parean veri, sovra de’ quali sfrondati li sterpi, e livide l’erbe apparivano. E’ la più ad entro per la rottura d’una gran rupe la Città di Dite ardere vi si conobbe vibrando lingue di fiamme per le aperture delle sue torri, l’aere d’intorno avvampandovi di un colore come di rame. Dopo questa mutazion sola la scena di prima tornò, ne più si vide mutare, il tutto compiutamente passando con onore di chi à condurla in qualunque parte vi intervenne ; e con piacer vario, e di mente, e di senso in chi vi fù spettatore.
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On avait installé dans la majestueuse salle un magnifique apparat qui, au-delà des rideaux présentait un grand arc, flanqué de deux niches où se trouvaient représentées en statues la Poésie et la Peinture, avec une inscription de leur auteur. À l’intérieur de l’arc on voyait des forêts très amènes, en relief et peintes, selon une belle et habile disposition, et lumineuses comme en plein jour grâce aux lumières qui y étaient judicieusement placées. Mais comme on devait ensuite voir l’Enfer, ces forêts se transformèrent et l’on découvrit d’horribles rochers, d’aspect épouvantable, qui semblaient vrais, sur lesquels les buissons apparaissaient tout effeuillés, et les herbes livides. Et là-dedans, par l’ouverture d’une grande roche, on reconnut la Ville de Dis, embrasée, des langues de flammes jaillissant des fentes de ses tours, l’air tout autour rougeoyant de teintes cuivrées. Après cet unique changement, la scène retourna en son premier aspect et elle n’en changea plus. Et le tout fit pleinement honneur à ceux qui intervinrent dans chacune de ses parties, et procura un plaisir* varié de l’esprit et des sens à qui en fut spectateur.
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